Dans la famille SUV, je demande le Citroën C-Crosser. Le quoi ? Le C-Crosser ! Ah… Je ne connais pas, je n’ai pas, passe ton tour… Voilà un peu ce que vous pourriez entendre lors d’une partie de jeu des 7 familles automobiles. Car le C-Crosser, SUV arborant le double chevron sur sa calandre, est un peu un oublié, et donc éligible à notre rubrique éponyme.
Vous vous souvenez du Mitsubishi Outlander ? Un peu ? Ok. Alors dans ce cas, vous souvenez-vous du C-Crosser, qui en est la version rhabillée par Citroën (une version Peugeot a aussi existé d’ailleurs : le 4007, lui aussi un peu oublié il faut le dire) ?
Il y a fort à parier que ce gros SUV familial, qui peut accueillir jusqu’à 7 personnes dans une longueur assez contenue de 4,64 m, ne vous dise vraiment pas grand-chose. Il ne s’est pas très bien vendu, beaucoup moins en tout cas que son petit frère le C4 Aircross, basé lui sur le Mitsubishi ASX.
Et pourtant il était plus séduisant que son homologue japonais, au style pour le moins fade. Ici, la face avant complètement revisitée arbore les codes esthétiques de l’époque de la marque du quai de Javel. Feux étirés jusque sur les ailes, calandre arborant deux lignes chromées intégrant les chevrons, bouclier largement ouvert : il a sa personnalité propre, plus pimpante. Par contre, à l’arrière, seul le dessin interne de feux le distingue de son « donneur », tandis que dans l’habitacle, le dessin est le même pour tout le monde (Mitsubishi, Citroën, Peugeot) au logo sur le volant près.
La qualité de finition n’est d’ailleurs pas un point fort, avec des plastiques assez basiques et largement durs, mais les assemblages ne souffrent pas la critique, et l’ensemble vieillit bien. L’habitabilité au second rang est appréciable, et on dispose d’une banquette coulissante. Par contre les places de troisième rangée sont à considérer comme du dépannage. Elles sont très exiguës !
Sous le capot, c’est simple, on trouve une offre unique de moteur diesel. Le 2.2 d’origine PSA, qui développe 156 ch, mais dit 2.2 HDI « 160 ». La transmission est forcément intégrale et la boîte peut être automatique en option. Les performances sont tout à fait correctes avec 200 km/h en vitesse de pointe (quand même), et un 0 à 100 km/h en moins de 10 secondes.
Quant à la fiabilité, un point important lors d’un achat d’occasion, elle est franchement de bon niveau. On notera quelques rares cas d’aléas de turbo (durit d’air en sortie de turbo), d’embrayage qui s’use un peu vite, ou de refroidisseur de vanne EGR (recyclage des gaz d’échappement) fuyard. Mais les nombreux exemplaires affichant plus de 300 000 km rassurent quant à la robustesse globale. La base japonaise aide !
Des tarifs très abordables face aux concurrents
Mais le principal atout du C-Crosser est financier, vous l’aurez com »prix »… En sa qualité de SUV oublié, ses cotes restent au ras des pâquerettes, et il garde des tarifs en seconde main « à l’ancienne », c’est-à-dire comme avant la grosse inflation des cotes post-covid.
Ainsi, on trouve des modèles 2008/2009 à partir de 3 000 €. Et même moins mais alors, ils sont non-roulants, ou avec de lourdes réparations à prévoir (moteur ou boîte de vitesses). Les premiers exemplaires « propres » sont donc autour de 3 000 €, mais avec des kilométrages assez élevés dans ce cas (autour de 250 000 km, voire 300 000 km). Pourquoi pas, le bloc 2.2 diesel étant robuste, mais avec précautions. Pour moins de 200 000 km, on est à 4 500 €. Cela représente une décote de – 92 % à – 87 % en moyenne.
Côté concurrence, dans cette zone de prix, on ne trouve rien. Pas de Tiguan diesel, qui même à 300 000 km, s’affiche 4 500 € minimum, et plutôt 6 000 € et plus, et ce n’est pas un 7 places (décote de – 83 % seulement). Un Ford Kuga sera disponible à partir de 3 500 € en état correct (mais 6 000 € pour moins de 200 000 km !, soit une décote de – 83 % également), et ce n’est pas un modèle 7 places non plus. Le Toyota Rav-4 sera à partir de 5 000 € minimum (et 7 000 € pour moins de 200 000 km, soit une décote de – 81 %). Et le tout souvent avec des puissances inférieures à celle du C-Crosser. Au final, seul le cousin Peugeot 4007 est aussi dans des prix équivalents.
Si l’on s’arrête sur un modèle de 2010/2011, avec moins de 200 000 km, le Citroën démarre à 4 500 € (- 87 %), et s’affiche en moyenne plutôt 6 000 € (-83 %). Mais un Tiguan demandera au moins 8 500 € en TDI 140 ch, et même plutôt 9 500 € en moyenne (soit -74 %).
Un Ford Kuga TDCi 136/140 demandera 7 500 € en bon état, et même en moyenne plus de 8 500 € (-72 %). Un Toyota Rav4 est encore plus cher, à partir de 9 300 €, et 10 000 € en moyenne pour une version D-4D 150 ch milieu de gamme (soit – 72 %). Le C-Crosser décote dans tous les cas plus que les autres, en plus de coûter facialement moins cher.
Prenons enfin l’exemple d’un modèle parmi les plus récents (2012/2013) ou avec un kilométrage inférieur à 120 000 km. Dans ce cas , le modèle aux chevrons se trouvera autour de 10 000 €. Soit une décote de – 74 %. En face, seul le Peugeot 4007 décote autant, au pourcentage près. Chez Renault, un concurrent pas encore évoqué est le Koleos, même s’il est tout de même plus petit, et décote aussi très fort. Nous l’avons d’ailleurs déjà évoqué dans cette rubrique, et pour cause. Il se trouve entre 10 000 et 11 500 € pour un modèle dCi 150, soit une décote moyenne de – 68 %.
Autre concurrent non évoqué encore, le Hyundai Santa Fe, qui en version diesel 200 ch, va se retrouver carrément à plus de 16 000 €, soit une décote de – 66 % en moyenne. Le Tiguan, lui, en TDI 140, démarre à 13 000 €, et se négocie en moyenne 14 000 € dans les mêmes conditions d’âge et de kilométrage, soit une décote de – 67 % en moyenne.
Vous l’aurez compris, le bilan est le même à chaque fois dans cette rubrique : le C-Crosser est bien plus abordable en occasion que ses concurrents, excepté le 4007 et parfois le Renault Koleos, lui aussi mal-aimé. Il vous fera économiser au pire 1 000 €, et au mieux jusqu’à 6 000 € face aux autres, selon l’âge et le kilométrage. Alors bien sûr, si personne n’en a voulu en neuf, c’est qu’il y avait des raisons, qui se retrouvent probablement en occasion mais pour ceux qui n’ont que faire d’une image de marque, de plastiques moussés ou de technologie avancée, le SUV Citroën est un achat malin en seconde main.